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Canal de Beagle & Cap Horn

By février 3, 2019 No Comments

Un mois de voyage sur le voilier Esprit d’Equipe à travers le Canal de Beagle et le Cap Horn

Chapitre 1 : Arrivé à Ushuaia

Départ de Buenos Aires en milieu d’après-midi direction Ushuaia, connue sous le nom de fin del mundo.

Ushuaia c’est une ville portuaire, pas très jolie mais bien animée tout de même. Il y a une rue principale avec plein de boutiques de sport et de randonnée. Il y a de nombreux restaurants. Tout est fait pour les touristes de passage. Il fait nuit jusqu’à 23h ici du coup cela nous donne le temps de voir la ville un peu plus nettement.

Thierry, le capitaine du voilier, nous propose de venir tous au bateau rencontrer l’équipage quand on le souhaite et pourquoi pas au moment de l’apéro. Ça donne tout de suite une bonne idée du genre de personne à qui on va avoir à faire, et cela nous convient parfaitement.

On passe assez tard finalement avec Maël, Erica et leurs amis, Augustina et Martin.

On fait tous des grands yeux car on s’attendait à voir un bateau un chouilla plus grand. Pour y accéder il faudra passer par un escalier un peu branlant attaché au ponton et tendre la jambe pour accéder au bateau.

On passe devant la barre et on descend en bas. On rencontre Thierry, le capitaine, Marion sa cuisto et femme à tout faire (elle a l’air de toucher à tout !), Philippe son second de passage et un voyageur comme nous, et Catherine, également en voyage. Il y a aussi une autre personne dont le prénom m’échappe mais qui est très sympathique. On rentre tous et on commence à se sentir à l’étroit. Thierry nous accueille avec un grand sourire et en commençant les blagues. Il ressemble à ce que j’imaginais : grand, cheveux blancs et une tête de marin, les joues rosées et le teint un peu bronzé avec des yeux brillant. Il vient d’Anger, cela me fait immédiatement penser à Fleur. Philippe et Catherine ont l’air un peu plus réservés, et Marion très dynamique avec un franc parlé, qui nous fait bien comprendre qu’il va falloir respecter les règles pour que tout fonctionne bien. Il manquera Hélène, la septième personne que nous ne rencontrerons que trois jours plus tard. Philippe a l’air très réservé et calme. Il a un regard profond et des yeux clairs très beaux. Lui aussi a l’air d’un marin avec sa barbe grisonnante de plusieurs jours. Catherine est brune, elle aussi a un joli regard, et profond. Elle a l’air timide. Elle vient d’Aragon, à côté de Carcassonne. Marion est petite, des yeux magnifiques ( la sélection s’est faite sur le regard des gens on dirait !). Elle est mate de peau et très souriante. Elle est réunionnaise.

Erica et ses amis décident de partir, Quentin discute, et Maël et moi partons à la découverte du bateau. On se met à rigoler discrètement parce qu’on se demande comment je vais réussir à survivre dans ce petit espace.

On revient voir les autres et on se joint à eux pour faire connaissance. Une heure après on quitte le bateau et on retrouve Erica et ses amis dans un bar de la ville. Il y a énormément de monde, on a du mal à s’entendre, et entendre. Les autres attendent d’avoir une table depuis 40 minutes. On commande des trucs à manger dont une fugazza, c’est comme une pizza mais avec plus d’ingrédients que de pate ; c’est super bon. Vers minuit on a finalement une table et on recommande un fugazza.

Avant de rentrer à notre logement on se met d’accord sur le plan du lendemain et sur le lieu et l’heure de rendez-vous.

Ce matin au réveil je vois un message de Marion : on a oublié de payer une partie de la caisse de bord. Du coup avant de retrouver tout le monde on décide de passer par le bateau.

Il fait bien plus beau aujourd’hui, c’est agréable. On ne restera pas bien longtemps car nous devons retrouver les autres. On donne les sous, on discute un peu puis on leur dit à demain, car nous sommes conviés pour déposer nos affaires au bateau et les ranger.

Aujourd’hui c’est randonnée à Ushuaia. La copine d’Erica et son colloc travaillent dans une entreprise de location de voitures du coup on va en profiter.

La ballade se trouve à 20min du centre-ville après le rio Oliva si j’ai bien compris. La route est magnifique ! Les montagnes sont impressionnantes et colorées.

La rando nous mènera à la laguna Esmeralda en 1h30 avec des passages dans la forêt. Sur la route nous croisons un petit renard pas farouche du tout. La randonnée n’est pas difficile et on en prend plein les yeux. Pour l’aller la météo était avec nous.

Une fois arrivés on s’exclame tous ‘’wahouu’’ parce que c’est super beau ! le lac est bleu turquoise et fait face au glacier.

On restera 2 bonnes heures à glander (la plupart du temps sous la pluie) avant de se remettre en route pour rentrer. Le chemin est devenu boueux mais du coup les couleurs sont différentes et encore plus belles. Sur la route on croisera deux renards !

Première rando au top à Ushuaia, on a bien hâte de découvrir les autres merveilles de la Patagonie.

Le soir nous sommes invités à manger local : asado de mouton ! C’est typique de la Patagonie. On va manger chez l’ami du colloc de la copine d’Erica un peu en dehors de la ville. Il est super gentil et un peu farfelu mais il est très au courant de ce qui se passe dans son pays et de la faune du coup c’était très sympa.

Après un bon repas on rentre complètement crevés.

Le réveil est un peu difficile ce matin car nous n’avons pas beaucoup dormi. On se prépare doucement pour être sur le bateau vers 10h. Sur la route on passe acheter des croissants. Les croissants ici ne sont pas mauvais, un peu lourds mais bons, nous ne sommes pas des gens compliqués, tant qu’il y a du beurre il y a de la vie !

On arrive au bateau l’air guilleret, on croise Thierry sur le ponton qui nous accompagne et nous aide à charger nos gros sacs.

Marion nous explique quoi faire, on déballe tout et essaye de ranger proprement. Finalement cela prendra beaucoup moins de temps que prévu. Le seul problème c’est qu’en voyant notre équipement ils se rendent compte que nous ne sommes pas correctement équipés pour le voyage. Nous pensions que nos chaussures de randonnée et des guêtres suffiraient, mais en fait il est possible que sur le continent on s’enfonce jusqu’au hanche dans la neige fraiche… du coup nous sommes très embêtés. Nous décidons de partir à la recherche de bottes de pluies. Cela durera plusieurs heures. Quentin pense avoir trouvé des bottes qui pourraient faire l’affaire et moi je trouve dans une petite boutique, grâce à Erica,  des bottes de pluie beige que je prends sans me poser de question.

La journée fut un peu chaotique et longue mais après un bon repas avec Maël et Erica dans un super restaurant typique on retrouve le moral.

J’espère qu’on dormira bien ce soir car demain l’aventure commence !

Chapitre 2 : Faux départ

Aujourd’hui c’est le grand départ. Le ciel est dégagé et les montagnes sont parfaitement dévoilées. La neige recouvre certains sommets dont les reflets sur la baie viennent embellir le paysage.

Il est 7h15. Je n’ai pas dormi, du moins pas bien du tout. J’ai fait des cauchemars de la traversée du canal de Drake. Les vagues de 10m ou plus me font un peu trop réfléchir. La nuit a donc été courte pour moi. Quentin semble avoir passé une meilleure nuit et se réveille tout pimpant. On prend une bonne douche brulante puis on termine de replier nos affaires.

8h, on se met en route direction le centre nautique. On prévient Maël pour qu’il puisse nous retrouver avec Erica pour les au revoir.

Quelques minutes plus tard on arrive au voilier. L’équipe est presque au complet, il manque Hélène que l’on retrouvera quelques minutes plus tard sur le ponton.

9h, on s’en va tour au bureau d’immigration pour faire tamponner nos passeports pour la sortie du pays direction Port Williams au Chili. On croise Maël et Erica sur la route qui décident de nous attendre au bateau devant la mer en attendant que nous finissions les formalités. Le douanier fait des blagues en gardant son air sérieux, du coup on ne sait pas vraiment s’il plaisante ou non. Un français commence à vouloir discuter avec nous à la porte mais n’est pas très intéressant. Quentin, qui a un peu pitié discute avec lui pendant que nous autres l’ignorons un peu. En repartant le douanier est tout content et se met à nous faire une bise à tous et à nous souhaiter bon voyage. Je vois mal les douaniers européens faire la même chose !

Catherine a peut-être une solution pour les bottes de Quentin. Elle décide de nous amener dans une boutique qui vend un peu de tout. Philippe va aider Marion à porter le pain, tandis qu’Hélène s’en va voir son amoureux de passage. Quant à Thierry, aucune idée ! Des choses de marin surement !

9h30, a boutique n’ouvre que dans 30min du coup je décide d’aller chercher Maël et Erica. Quand nous revenons Quentin sort bredouille mais avec le nom d’une autre boutique. Du coup Catherine retourne au bateau et Maël et Erica décident d’aller prendre un petit déjeuner dans un vieux café le long du port où on les retrouvera plus tard.

10h15, on arrive à la boutique et miracle, ils ont des bottes ! Quentin se sent soulagé ; et moi aussi je suis contente pour lui. On passe au café et on dit au revoir à Maël et Erica, au cas où nous devrions partir précipitamment. Nous décidons de retourner au bateau car Marion doit nous faire un briefing.

Une fois de retour Marion nous explique ce que nous devons faire mais avant tout ne pas faire. Elle est marrante. Elle nous met en garde sur tout comme ça on ne pourra jamais dire que nous n’étions pas prévenus ! On découvre toutes les cachettes du bateau, où trouver chaque aliment, chaque ustensile, comment faire la vaisselle, avec quelle réserve d’eau et surtout, le plus important : comment tirer la chasse d’eau !

On restera un moment sur le bateau. La mer est descendue du coup nous devons attendre qu’elle remonte pour pouvoir partir. Thierry est optimiste, à midi nous devrions partir. Maël et Erica ont eu le temps de revenir nous dire au revoir. Cela m’a fait bizarre, me dire que je ne reverrai plus personne de ma famille avant un moment. Je suis triste.

12h30, la marée est toujours basse ; du coup Thierry propose de prendre l’apéro et de déjeuner sur le bateau. Ce midi ça sera raviolis, salade de chou et fruits.

14h, ça y est on part ! Juste avant de partir j’entends Thierry baragouiner un truc mais je ne comprends pas trop, un truc qui semble comme un problème se terminant par ‘’je ne pars pas en Antarctique comme ça’’. Ça promet !

Tout le monde met la main à la pâte pour libérer le bateau qui se trouve entre le ponton et un autre voilier.

14h30, on voit la ville s’éloigner au loin, les montagnes sont toujours aussi belles. On en découvre de nouvelles le long du voyage. Il fait un peu frais mais c’est agréable.

Marion et Thierry se partage les commandes pendant que nous autres profitons de la vue.

Je demande à Philippe de nous montrer comment faire des nœuds de marin. Il nous explique comment faire un nœud de chaise, le nœud cabestan et la double clé. On écoute avec attention et on reproduit.

On apprend par la suite qu’il y a un souci au niveau de la barre, le pilote automatique ne fonctionne pas correctement. S’il n’est pas réparé cela pourrait compromettre le départ.

Il fait froid et je suis fatiguée du coup je décide d’aller m’allonger ce qui me permettra d’appréhender un peu les vagues car ça bouge un peu en haut.

Quand je remonte nous sommes presque arrivés et Quentin me dit qu’ils ont vus une baleine…je suis un peu triste mais pas trop puisque je devrais en voir pas mal bientôt.

Il y a déjà du monde amarré à Puerto Williams. On arrive à se glisser en bout de file. Nous devrons enjamber tous les voiliers pour sortir et aller sur terre. Il faut toujours passer par l’avant pour respecter la vie des marins (à l’arrière se trouve l’entrée du voilier). La météo a changé le ciel s’est couvert et il fait beaucoup plus froid ici.

Marion nous presse pour aller au bureau d’immigration, qui sera fermé, et faire quelques courses. Thierry quant à lui retrouve un autre marin pour essayer de réparer le bateau.

Puerto Williams c’est une ville de militaires. Je ne trouve pas cela très joli, c’est tristounet, et encore plus avec la grisaille.

Catherine nous apprend qu’il y a un vieux bateau très connu des marins qu’il faut absolument visiter car très original : le Micalvi. On a de la chance on a juste à enjamber 3 voiliers pour y accéder. On croise un super bel oiseau bleu et marron avec une crête. Le bateau est en effet très original, il y a des drapeaux et des fanions de tous les pays sur tous les murs et le plafond. Il y a une bibliothèque avec beaucoup (tous ?) de livres en français. Certains sont très bizarres d’ailleurs. Ce bateau sert de ponton et a été coulé exprès.

En revenant sur le bateau on voit Thierry, Catherine et Philippe discuter avec l’électronicien militaire. On arrive, il part puis plus rien ne fonctionne…portons nous la poisse ? On le rappelle, pour lui montrer que ça ne fonctionne finalement pas et il explique qu’il n’a pas le temps de s’occuper du voilier avant jeudi. Du coup il suggère d’investiguer de notre côté avant qu’on le rappelle.

Du coup on garde le moral et on décide de prendre l’apéro et de manger.

Marion nous a préparé un super repas : riz frit aux crevettes thaï, un régal. On mange tous ensemble en rigolant et en se taquinant les uns les autres, puis tout le monde au lit.

Réveil tôt car le voilier qui est attaché au notre doit partir très tôt. Du coup, avec les bruits de moteur et de personnes qui s’activent sur le pont, pas le choix, debout !

Les filles mettent le petit déjeuner sur la table et c’est parti pour une longue journée.

Ce matin on doit filer au bureau d’immigration qui était fermé hier. Du coup on suit le rythme dynamique de Marion. Une fois sur place il y a quelques personnes qui attendent et un chien qui s’allonge sur le dos au milieu de notre groupe les pattes en l’air en attendant que quelqu’un se dévoue pour le gratouiller. Sans grande surprise, Quentin commence à lui faire des papouilles.

Les passeports tamponnés, on file au Micalvi prendre une bonne douche chaude. Tout est mis à disposition pour les marins de passage, il y a même du wifi !

On refait quelques courses avec Marion puis on met de l’eau dans le bateau. Thierry veut tester la voile. Du coup les garçons et Hélène se colle à la déployer puis je les aide avec Catherine pour la replier. A un moment donné je dis que le pli est mal fait puis Thierry me sort une vanne qui m’a bien fait rire : « Rhooo !! On ne va pas au salon nautique !! ».

En attendant Marion est aux fourneaux, je vais l’aider une fois qu’ils n’ont plus besoin de moi en haut. Comme toujours elle nous prépare un super repas. Cette fois ça sera omelette campagnarde avec du bœuf fumé !

Une fois le repas terminé on met les voiles. On quitte Port Williams avec une superbe vue sur les montagnes et la rando qu’on ne fera pas (après m’être renseignée j’ai vite compris que physiquement ça ne le ferait pas après avoir pris 5 kilos en Antarctique sur le bateau).

On reste tous sur à la barre avec le capitaine à admirer le paysage en profitant de l’air plus que frais. Tout va pour le mieux jusqu’au moment où on entend les bips de déconnection du pilote automatique ! Du coup panique à bord, Thierry et Philippe ne comprennent pas car tout semblait fonctionner pour le mieux. La machine à lâché pour une raison inconnue du coup il faudra s’arrêter de nouveau pour investiguer. Le vent est contre nous et à 40 nœuds (c’est fort), les vagues s’intensifient et Thierry et Philippe tente de maintenir le cap tant bien que mal.

Thierry ne veut plus continuer dans ces conditions et décide de trouver un lieu pour faire un mouillage pour la nuit. Il y en a un sur la route mais avec les conditions de navigations actuelles il est risqué de s’aventurer dans la crique car par endroit il y a peu de fond. Il y croit et le tente. On voit sur le tableau la profondeur diminuer : 20m, 15m, 10m, 5m, 4m…on serre tous les dents mais personne ne bronche…3,8m…et finalement ça remonte ! pfiouuuu quel stress. On mouille dans une jolie crique dans laquelle nous étions passés quelques minutes plus tôt ; les petits îlots empêchent le vent de passer.

Marion jette l’ancre puis Catherine et Philippe prennent le zodiac et vont accrocher deux cordes de chaque côté du bateau sur chacune des îles de part et d’autre, à des troncs d’arbre.

Une fois que c’est fait, Thierry et Philippe se chargent d’investiguer pour réparer le bateau, Marion se met à cuisiner et avec Quentin, Catherine et Hélène on prend le zodiac et on pagaie jusqu’à l’île de gauche pour se balader.

L’île semble très sauvage. Il y a une ferme plus loin. Avec Quentin on décide d’aller s’aventurer dans la forêt. On y découvre des plantes inconnues et des champignons qui poussent sur les arbres et qui ressemblent à de petites ruches. A un moment donné on entend comme des coups puis Quentin aperçois un pivert qui se cogne la tête contre un tronc d’arbre. On est trop loin pour que je puisse le prendre en photo alors on décide de s’approcher mais on le perd de vue. On passera 20 minutes à écouter les bruits, à le retrouver et à s’en approcher de plus près. Nos efforts seront récompensés par de jolies photos. On retrouve les filles et on retourne au bateau.

Marion a terminé de cuisiner, les garçons pensent avoir résolu le problème et nous quatre on glande un peu au soleil.

On finit par prendre l’apéro ; Marion a fait un repas du tonnerre ce soir : en apéro du guacamole super bon avec des crackers et en plat un couscous bien relevé. On dîne tous ensemble en rigolant. Catherine rigole à toutes nos blagues et Thierry s’endort de fatigue sur la table.

Encore une super journée, tout le monde file au dodo et je fais la vaisselle avec Hélène.

On se réveille par une douce odeur de gaz ; Marion lance le thé et le café. Tout le monde commence à s’agiter petit à petit dans l’espace commun pour préparer son petit déjeuner. Il ne pleut pas mais il fait gris dehors.

Après un petit déjeuner calme tout le monde se retrouve sur le pont pour préparer le bateau.

Dans un premier temps, Quentin et Philippe embarquent sur le zodiac pour aller enlever les cordes de chaque côté pendant que Thierry et moi ramenons les cordes en les enroulant à l’arrière de bateau. Quentin s’est fait une petite frayeur, il est tombé dans l’eau mais que de moitié, heureusement ! Les filles s’occupent de l’ancre et de l’avant. Une fois que chaque tâche est terminée on doit vider, remonter et plier le zodiac. On s’y met à plusieurs avec Quentin, Philippe, Hélène et Catherine. C’est assez comique, on a dû mal à dégonfler le bateau du coup on s’allonge dessus et on y met tout notre poids mais rien à faire le bateau ne veut pas se dégonfler ! après plusieurs tentatives on décide de le plier comme on peut, on l’enroule dans des cordes puis on retrouve Thierry et Marion à la barre qui ont déjà commencé la navigation.

La météo semble bonne mais malheureusement pour nous, la pilote automatique ne fonctionne toujours pas. Du coup le programme sera, de garder espoir et le sourire, de retourner à Port Williams où deux personnes pourront éventuellement nous aider à réparer le bateau mais le militaire lui n’est disponible que demain. Si jamais le bateau n’est pas repéré il faudra retourner à Ushuaia mais bon, ça, on essaye de ne pas y penser. C’est dans la bonne humeur que nous retournons vers Port Williams. Sur la route nous croiserons quelques manchots.

Marion propose de laisser la barre à quelqu’un pour apprendre alors je me lance ! Pendant une heure ou un peu plus je serai aux commandes et maintiendrai le cap. Des petits bateaux de touristes passant à côté et me faisant des petites frayeurs : leurs vagues faisant tanguer le voilier de droite à gauche. Le vent est fort et contre nous, entre 30 et 40 nœuds, comme hier, et certaines vagues soulèvent le bateau vers l’avant, mais tout va bien, et je ne suis même pas malade ! Entre temps Marion nous prépare un super repas : tartes et salade.

Thierry reprend la barre à l’approche du port pour amarrer le bateau puis on retrouve certains marins à qui nous avions dit au revoir hier.

On déjeune tous ensemble dans une bonne ambiance puis chacun retourne à ses petites occupations jusqu’au repas de ce soir.

Comme nous sommes de retour au Micalvi on en profite pour se doucher et faire une lessive à la main. Ensuite on se détend au Micalvi et on profite de la connexion internet et du calme à l’étage du bateau, pendant que les autres essaye de trouver l’origine de la panne avec un autre marin. On en profite pour appeler la famille et contracter les copains.

Je retourne déposer l’ordinateur au voilier et je croise Thierry, l’air déçu qui me dit que nous ne pourrons pas partir en Antarctique mais que nous irons dans les canaux. Je suis très déçue mais en même temps je me dis toujours que si je ne peux pas faire quelque chose c’est qu’il y a une raison et que ce n’est que partie remise. Thierry me dit que nous sommes invités à revenir pour retenter l’Antarctique l’année prochaine ou plus tard si nous le souhaitons, bien sûre en en moyennant quelque chose mais en nous faisant une ristourne, du coup bien sûre qu’on est partants ! Le projet est décalé mais on va s’aventurer dans une zone que nous ne comptions pas visiter, du coup on se laisse prendre au jeu. Je retrouve Quentin, pour lui annoncer, il est déçu mais il pense comme moi du coup tout roule.

Catherine nous a dit qu’il y avait un super musée à voir sur les premiers habitants de Patagonie et la colonisation, du coup on décide d’y aller. On repasse par le centre-ville, le centre du village je veux dire. On s’arrête à l’office de randonnée. Je demande s’il y a une randonnée sur une journée qui serait sympa à faire et comment aller au musée. Il suffit juste de tourner à droite puis à droite puis tout droit, on ne peut soi-disant pas rater le musée car c’est un grand bâtiment bleu. Bien entendu, on ne trouve pas du premier coup… on tourne en rond et on demande notre chemin, même après ça on ne trouve pas…quinze minutes plus tard on finit par trouver mais manque de bol, c’est fermé ! Du coup on rentre tranquillement au bateau.

Sur le bateau on rediscutera un peu du nouveau plan mais pas trop en détail car Hélène n’est pas au courant. Quand elle arrive elle est aussi déçue que nous mais semble tentée par l’aventure. On prend l’apéro en discutant dehors, puis on mange un délicieux carry de poulet bien relevé.

Je termine sur le pont avec Catherine et Marion. C’est très sympa. Je me rapproche de Marion, que j’apprécie de plus en plus et elle semble commencer à me faire confiance donc ça me fait plaisir. Elle me raconte sa vie, qu’elle n’est pas retournée à la Réunion depuis un moment, que ses parents sont à Paris.

On continue de rigoler un moment puis elle décide de s’éclipser pour aller dormir et Quentin monte avec Philippe. On discute, on en apprend plus sur Philippe, qui a une famille en France et travaille dans la construction. Il nous explique quelques trucs sur la vie de marin et nous sort une expression qui nous a bien fait rire : ‘’Faire de la voile c’est comme prendre une douche froide en déchirant des billets de 500 euros’’. En gros avoir un voilier c’est énormément d’entretien et de dépenses, de stresse, pour pas beaucoup de plaisir. Mais comme beaucoup de choses, on s’en accommode.

Je décide d’aller me coucher et laisse Quentin et Philippe discuter.

Chapitre 3 : L’aventure commence!

Ce matin on doit aller à l’immigration pour 9h car finalement nous allons rester naviguer au Chili. Nous devons donc refaire tamponner nos passeports pour entrer et rester sur le territoire les trois prochaines semaines.

Quentin et moi décidons de nous lever plus tôt pour aller se doucher avant et tenter de réserver la nuit qu’il nous manque au Torres Del Paine. Hélène nous a dit que nous risquions de nous faire refouler à l’entrée avec une nuit manquante. On se prépare et on part au Micalvi. Impossible de trouver comment réserver sur le site de la CONAF, puis lorsque l’on trouve il est écrit que leur site ne fonctionne pas… On tente sur Fantastico Sur en se résolvant à payer super cher la nuit manquante. Tout est réservé…du coup pas le choix, ça sera la technique de l’autruche si jamais on regarde nos réservations.

On retourne déjeuner avec les autres sur le bateau. Thierry est déjà sur le pont à fumer sa première cigarette. Il semblerait que nous ayons été un peu bruyant en partant…Quentin s’est cogné la tête et cela a un peu réveillé les autres.

On part avec un peu de retard. Sur la route Hélène nous annonce qu’elle ne restera pas avec nous. Financièrement elle ne peut pas suivre, ce que je comprends, et que ce qu’elle voulait c’était aller en Antarctique. On a le même sentiment mais on décide de rester. Elle semble vraiment très déçue et préoccupée car il n’y a personne qui part pour Ushuaia aujourd’hui et le bateau navette coûte 150 euros l’aller.

En retournant sur le bateau Quentin et moi décidons d’aller visiter le musée. Cette fois-ci on le trouve du premier coup et il est ouvert ! Il est très intéressant même si on ne comprend pas tout. On retourne au bateau et on s’arrête sur le pont du Micalvi pour faire internet pour prévenir les parents. Thierry arrive et Hélène commence à lui demander de la rembourser et de trouver une solution car elle est un peu laissée en plan. C’est tout à fait justifié ceci dit. JE décide de partir car je n’ai plus besoin de l’internet.

Je retrouve les autres qui sont en train de s’occuper de la nouvelle annexe. Elle est très belle, vert militaire et noire. Ils essayent de la monter. Je me joins à eux. Ce n’est pas évident, et on a eu la bonne idée de faire cela en plein milieu. On se met à la gonfler, ça me fait faire un peu de sport.

Après une bonne trentaine de minutes on arrive à la mettre en place. Il faut maintenant la sortir du bateau pour l’accrocher à l’arrière. Là aussi cela demande réflexion. On finit par y arriver. Marion a dû réfléchir un moment à comment accrocher l’annexe à l’arrière puisque les attaches sont différentes par rapport à la précédente. Une fois en haut Philippe commente que ce n’est pas assez solide et qu’il faudrait l’attacher autrement. Du coup c’est reparti pour une manip. Elle sera finalement mise en place quelques minutes plus tard, rendant tout le monde content.

Hélène revient en nous disant que seuls les cons ne changent pas d’avis, sous entendant qu’elle va rester avec nous. Elle n’a cependant pas le moral visiblement mais on va le lui remonter.

Il faut maintenant partir. On s’y met tous, sauf Hélène qui reste en bas pour réfléchir certainement. C’est assez drôle et chaotique puisque nous sommes entre deux bateaux. Il faut donc défaire les boutsde chaque côté et amarrer les deux autres bateaux ensemble. Thierry démarre puis tout le monde s’exécute pour que tout se passe pour le mieux. Quentin et Marion sont restés sur le dernier bateau pour le raccrocher à l’autre. Un fois que c’est fait on retourne les chercher mais on a failli de perdre Marion dans l’eau car Thierry est allé un peu trop vite ! Une fois que tout le monde est sur le voilier on démarre pour de bon.

J’aide Marion à cuisiner des pates carbonara. Elle me dit qu’elle a eu peur que l’ambiance change avec le départ d’Hélène. Marion doit prendre la barre du coup je lui propose de nous faire deux assiettes et de manger avec elle en haut. Il fait frais dehors mais c’est vraiment agréable et on se marre bien. JE lui propose de prendre la barre le temps qu’elle mange. Je garderai la barre une bonne heure finalement. Thierry et Catherine nous retrouvent en haut quand il a terminé de manger. Quentin se charge de la vaisselle et de nous faire le thé et le café. Au loin on aperçoit Ushuaia, et la cordillère des Andes. C’est beau. On rencontre quelques manchots qui disparaissent aussitôt et un lion de mer. La route est un peu monotone. Je redonne la barre puis j’essaye de dormir à côté de Quentin qui lit. J’ai froid. Tout le monde rigole et profite du paysage. Le vent se lève un peu plus faisant remuer le bateau. Thierry est à la barre. Thierry et Marion discute de la zone de mouillage. Je décide d’aller en bas me reposer mais j’ai tellement froid que je sens mes membres se crisper.

Une bonne heure plus tard on arrive dans la nouvelle crique. Elle est éloignée du vent, ensoleillée et verdoyante. Nous ne sommes malheureusement pas seuls : il y a un bateau que Catherine et Thierry critiquait hier pour se remonter le moral qui est là et s’est amarré un peu trop large ce qui met Thierry en rogne. Hélène et Philippe partent en annexe attacher le bateau à des arbres et nous, nous les aidons avec les boutset à revenir. Finalement tout va bien. On commence à se taper un délire sur une chanson que Catherine a commencé à apprendre à Marion pour l’harmonica. Les paroles étant ‘’mets ta main dans l’eau, dans l’eau du ruisseau’’ que nous décidons de transformer en ‘’mets ton cul dans l’eau dans l’eau du ruisseau’’. Entre temps le voilier des hollandais arrive et s’amarre au notre et nous partons dans un délire fabuleux de faire un vidéo clip de la chanson. On rigolera sur le pont, Quentin et Philippe nous filmant entrain de danser et chanter. Marion sera chargée de faire le montage.

Marion me propose de l’aider à faire la cuisine ce soir. Elle a prévu du saumon en papillote.

On rigole bien, puis elle me montre sa planque de chocolat qu’elle partage avec moi. Trop trop bon ! Les papillotes vont être délicieuses. On retrouve les autres en haut puis on passe à table. En effet c’(est bon. Thierry nous raconte ses vieilles histoires et nous fait bien rigoler. Après le repas Hélène se colle à la vaisselle, Catherine et Thierry vont se coucher puis on décide de jouer au Uno. Philippe ne connait pas se jeu mais à quand même l’air de bien l’aimer. On fera trois ou quatre parties avant d’aller se coucher.

La crique dans laquelle nous avons mouillé se nomme Borracho (qui signifie être bourré…est-ce un signe ?). C’est joli, il y a une forêt tout le long de la crique. Les rochers sont de trois couleurs : noirs, gris et jaunes (dû à des algues).

Après le petit déjeuner nous nous embarquons pour la découverte de la crique. Deux mêmes groupes se forment : le premier composé de Catherine et Hélène, et le second de Quentin et moi. Les filles commencent par longer la mer tandis que Quentin et moi nous enfonçons directement dans la forêt. Il y a plein de petites plantes qui piquent, et en leggin ce n’est pas le meilleur plan ! on s’enfonce dans la forêt, on enjambe les arbres, on se prend des branches dans la figure. On essaye de trouver des oiseaux mais ils sont rares. On les entend ceci dit. On croise les filles qui nous conseillent d’aller plus vers l’ouest. C’est joli là bas aussi, mais très venteux. On se les pèle ! on voir que la traversée n’aurait pas été possible. Les montagnes qui nous font face sont très jolies. On essaye de retourner au bateau en traversant la forêt puis en longeant la crique au bord de l’eau. On s’aventure un peu plus loi pour voir si de l’autre côté c’est joli, puis on retourne.

Marion nous a préparer, encore une fois, un repas excellent et copieux. Je crois qu’on est bien tombés pour la bouffe ! les conserves c’est hors de question sur ce bateau. On mange puis en fin de repas elle nous dit qu’il y a une surprise du coup on commence à s’imaginer qu’elle nous a fait un gâteau, on est tous excités ! puis en fait elle nous dit qu’il y a plein de fruits pourris à manger et du fromage…et finalement nous sort un gâteau au chocolat et aux noix ! Elle est parfaite notre Marion ! qui désormais sera nommée, par moi-même en tout cas, passe-partout, du fait de sa petite taille et qu’elle arrive à se glisser bin partout ! Je fais la vaisselle en attendant que les autres terminent leur clope car j’ai très envie de jouer au Uno.

Les parties de Uno s’enchaînent, on rigole bien. Catherine est la seule qui fait la sieste pendant que nous tous nous hurlons et râlons dans tous les sens. Après plusieurs parties je fais faire une grosse sieste puis je me lance dans la réalisation de dessins de voyage. Hélène me donne de la motivation, elle a l’air plutôt dans la même optique que moi pour son carnet de voyage donc je profite d’avoir de la compagnie pour enfin me lancer. Quentin lit à côté de nous et Marion commence à préparer un petit apéro : du beurre de sardine. C’est un mélange de sardines, de beurre et de fromage. Ce n’est pas mauvais, moi qui n’aime pas le bleu, c’est la seconde fois qu’elle arrive à m’en faire manger !

Thierry nous prépare son apéro étrange avec de l’œuf. Ce n’est pas à mon goût mais les autres ont l’air de bien aimer. Puis nous passons à table : ce soir c’est lentilles et saucisses de bœuf ( du lard pour Catherine). C’est encore très copieux. J’ai moins aimé ce plat, n’étant pas une grande fan de saucisse mais c’était très bien préparé.

Catherine et Thierry partent se coucher et le reste de la bande recommence des parties de Uno. Malheureusement je perds la dernière, et tout le monde s’étonne que je ne râle pas. Mais ce qu’ils ne savent pas c’est que demain j’aurai ma revanche !!

Ce matin le réveil est assez difficile, je n’ai pas envie de sortir de dessous la couette. J’ai froid et je suis fatiguée. Le bateau tangue du coup je me dis que nous allons encore faire une journée ici donc à quoi bon se presser. J’entends les autres s’activer, les odeurs de gaz remontent à mon nez, du coup je m’enfonce encore plus sous la couette. Au boutde 20 minutes je décide de me lever. Marion est venu me sauter dessus toute guillerette, avec ses mains gelées pour me faire lever. Hélène est entrain de continuer le dessin de sa carte des canaux, Les trois fumeurs sont sur le pont et Quentin termine son petit déjeuner.

Je me fais griller du pain, maintenant que je sais où est le mystérieux grille-pain chilien (il ; consiste en une plaque de métal avec une grille que l’on dispose tout simplement sur le gaz).

Le temps n’a pas l’air de vouloir changer du coup Thierry nous annonce que s’il reste ainsi on passera encore une nuit ici mais il a l’air optimiste tout de même.

La matinée passe doucement, je vais sur le pont avec Catherine discuter. Elle me raconte qu’elle a un téléphone satellite au cas où sa maman irait mal ; elle lui a annoncé la veille de son départ qu’elle partait à Ushuaia pour ne pas la paniquer. Quelques minutes plus tard j’entends l’appel du Uno, et cette fois-ci tout le monde joue ! Marion explique les règles à Catherine. On rigole beaucoup, on râle, on crie, pendant au moins une heure les parties s’enchainent. Ensuite j’aide Marion à cuisiner. Au menu ce midi ça sera cary crevettes et gâteau à l’ananas. Ça sent super bon, et j’en profite pour goûter plus d’une fois l’ananas. Hélène prend son courage à deux mains et va se laver dans la mer pendant que les autres rigolent.

On passe à table, on est assez calmes ce midi. Chacun retourne s’occuper, les fumeurs sur le pont comme d’habitude, et moi je fonce dans le lit ; j’aimerais bien achever ce livre de Bernard Minier car j’en ai deux autres qui m’attendent et j’aimerais bien ne pas me les triballer tout le long du voyage. Je m’endors pendant deux heures, le bateau me berce, j’entends le vent.

Finalement on ne bougera pas, il fait bien trop mauvais dans le Beagle. Quentin, Marion et Hélène commencent une partie de scrabble et moi je me remets à lire. Un peu plus tard Marion nous appelle pour qu’on aille tous sur terre faire une ballade. Je n’avais pas envie mais puis que tout le monde y va, je me motive. On monte tous sur Charles (on a baptisé l’annexe comme ça puisque c’est écrit dessus). Quentin et Thierry tirent Charles vers la terre puis tout le monde descend. Il y a plein d’hirondelles du coup je perds les autres. Je préfère regarder les oiseaux plutôt que d’aller m’enfoncer dans la forêt me les cailler pour voir qu’on est vraiment bloqués ici. Catherine s’enfonce seule dans la forêt et moi je pars seule dans l’autre sens, je longe la côte, passe une seconde crique et m’assoies face à la mer. Je regarde au loin, les montagnes se dévoilent, les vagues se font plus grosses, et j’apprécie le silence et être seule un long moment. Je me demande pourquoi le destin nous a amené ici et pas en Antarctique. J’espère que nous allons partir vite car je commence à me lasser de cet endroit. Je voudrais voir ce que m’on m’a promis et ne pas être déçue du voyage. Quentin finit par arriver avec Hélène, qui prendra ma place. Quentin et moi décidons de retourner vers Charles et de nous enfoncer dans la forêt puis que les autres ne sont pas encore là. Il rigole en me disant qu’hier je l’avais bien fait rire en insistant pour savoir où était Catherine. Il me dit qu’il semblerait que Catherine partage la couchette du capitaine, chose que j’ignorais. Hélène m’avait fait une allusion mais je ne savais pas si cela été vrai. On se marre puis on continue notre route, on s’enfonce, on se prend des branches, écrase de la mousse puis on ressort vers la mer où les autres nous attendent…en fumant ! On s’assois avec eux mais Hélène se faisant désirée, Quentin repart s’enfoncent dans la forêt. Je montre à Philippe les animaux étranges que j’avais repérés dans l’eau, des larves de poisson inconnus. H2lène arrive mais pas Quentin, je crie son nom et Marion le siffle mais rien à faire, il n’apparaîtra que 5 minutes plus tard nous disant qu’il n’avait rien entendu.

On remonte tous sur Charles puis les fumeurs restent sur le pont tandis qu’Hélène, Quentin et moi nous asseyons autour de la table. Finalement Marion descend et ils terminent leur partie de scrabble tous les trois pendant que moi je commence mon second dessin.

Quentin et Hélène aident Marion à préparer le repas pendant que j’écris mon récit de voyage. Le vent souffle fort à l’extérieur et le bateau tangue de droite à gauche. Mais au travers du hublot je vois le ciel bleu par moment.

On dîne, encore une fois on termine le bidou bien rempli et on se hurle dessus au Uno. Catherine nous a fait mourir de rire en sortant une grosse boulette à Philippe, personne ne s’y attendait : ‘’Enfoiré d’ta mère !’’ ; et là, c’est le drame, fous rire pendant une bonne heure. On joue jusqu’à épuisement puis Thierry clôture la soirée avec une belle citation :  « Un p’tit pipi, une claque sur les couilles, et au lit ! »

La nuit a été horrible pour moi. Le vent soufflait fortement, le bateau tanguait dans tous les sens. A chaque mouvement j’avais la sensation que nous allions chavirer d’un côté ou de l’autre. Dès que je fermais les yeux j’imaginais le pire. Je n’ai pas dormi, j’ai vu le soleil tenter de se coucher pour finalement se relever, à travers le hublot. A entendre le vent et le bateau bouger, on se doutait que cette journée se passerait encore à Borracho. On commence à en avoir marre de cette crique. Si encore il y avait de jolies ballades à y faire.

Quentin est le vé depuis un moment et lit. Je décide de prendre mon petit déjeuner avec Philippe et Hélène. Hélène a aussi mal dormi, mais elle, a fait des rêves de mygales…Philippe se moque de nous. Je petit déjeune puis je retrouve Thierry et Catherine en haut, histoire de prendre un peu l’air, et de sentir la délicieuse odeur de cigarette me titiller les narine…vraiment, je ne comprends pas les fumeurs !

Je me lance, j’ai besoin de me laver les cheveux. C’est un peu le chaos mais je m’en sors plutôt bien.

Hélène demande à Catherine si nous pouvons regarder un film sur les indiens de Patagonie et leur extinction. On le regarde, on apprend énormément de choses. Ce n’est vraiment pas gai, mais très intéressant.

Marion prépare le déjeuner. J’espère que ça ne sera pas trop lourd car je n’ai pas prévu de faire trop de mouvements cet après-midi. Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Laura, il faut que je pense à lui faire une petite vidéo. J’aurais vraiment aimé être ailleurs pour la lui faire mais bon…le destin en a décidé autrement !

La journée ne sera pas très productive, nous n’irons pas sur terre, il fait vraiment moche et froid. Du coup les parties de Uno s’enchaineront avec plus ou moins de violence (surtout le soir avant d’aller au lit !). Tout le monde fera une longue sieste. On prendra l’apéro, dinera et rejouera puis dodo !

Déjà une semaine ! j’ai l’impression de n’avoir rien vu d’intéressant pour le moment mais bon le meilleur reste à venir à ce qu’il parait.

On prend le petit déjeuner. Ce matin, c’est calme, juste une petite brise. En regardant au loin, le canal de Beagle est très calme !!! c’est génial, on va enfin quitter cet endroit !

Quentin et moi partons sur Charles pour récupérer les bouts. Chacun fait sa petite tache puis c’est parti. Philippe et Thierry essaye de recalibrer le géocompas en vain, on fera des tours au milieu du canal pendant au moins 20 minutes puis ils déclareront forfait et on se mettra en route.

Le long du canal on découvre de très beaux glaciers. Les montagnes sont superbes. Au bout d’une heure je descends aider Marion à la cuisine, puis je déjeunerai avec elle devant la barre. On discute et on rigole bien. Le repas est très bon ce midi : cake au thon avec salade, et cake aux fruits. C’est fou ce qu’on peut bien manger sur un voilier !

Après quelques heures de navigation nous arriverons à notre zone de mouillage : Penhoat. C’est une crique très jolie qui fait face à un magnifique glacier que l’on entend craquer. Une fois amarrés, on part avec les filles et Quentin faire une randonnée. Quentin et moi terminons seuls car les filles vont trop vite et nous on aime bien admirer le paysage et la flore. On commence à s’engager hors de Charles et là on redit merci les bottes ! on s’enfonce dans le sol toutes les trente secondes ! Tout est mou, on marche sur une grosse éponge. On commence par passer devant la fin du bras de mer sur laquelle se reflète le glacier, c’est superbe. Malheureusement il pleuvra bien pendant deux bonnes heures par intermittence. On commence à grimper dans de la mousse verte, puis rose ! surprenant ! nous n’avions jamais vu cela avant. On continue de grimper en évitant de tomber sur ce sol spongieux. On découvre quelques petites fleurs intéressantes. Les couleurs du paysage sont jolies : brune, verte, jaune, marron. Au bout d’un moment je commence à en avoir un peu marre, j’ai l’impression que le paysage ne change jamais. Je me demande si j’arriverais à apprécier le séjour, si je vais en prendre plein la vue. Je regrette de ne pas avoir pu aller en Antarctique, c’était quand même un budget énorme et un grand projet que je vois s’éloigner et cela me rend triste. Au bout d’un moment on continue de grimper mais vers l’ouest cette fois et là je retrouve le sourire. Le soleil commence à percer, la pluie s’est arrêtée et les montagnes se dévoilent. On se croirait en Ecosse ou dans les paysages du seigneur des anneaux. C’est superbe. On voit la Beagle au loin et des lacs et de multiples cascades. On failli de tomber toutes les cinq minutes, Quentin perd presque ses bottes. On monte, on descend, puis on remonte et on n’arrive pas à retourner au bateau. Une heure plus tard on arrive. Philippe vient nous récupérer avec Charles, les genoux sur l’avant, une clope à la bouche et une pagaie dans les mains. Quentin monte en premier et bien sûre, le loupe le bateau et tombe dans l’eau. Heureusement je ne mouille que le dessus de mes bottes.

Plus tard Hélène aidera Marion à faire la cuisine : ce soir c’est poisson pané sauce au bleu et purée de potimarron. Après le repas, malgré la fatigue on enchaine au moins cinq parties de Uno puis tout le monde au lit.

Ce martin ça sera glande au bateau puis départ pour une nouvelle crique pas trop loin mais à cause du vent nous mettrons presque deux bonnes heures.

Il pleut tout le long, c’est assez déprimant, personne n’est très motivé pour sortir. On attend que la pluie se calme, on observe les oiseaux.

Thierry souhaite finalement qu’on aille accrocher la boutnoire à la berge car le vent fait tourner le bateau et on risque de se rapprochertrop près de terre et bloquer le bateau.

Il pleut pas mal du coup je pars avec Marion. On rigole bien sur le bateau, la pluie finit par s’arrêter. On entend au loin le capitaine hurler (pour nous engueuler bien sûre) mais on n’entend rien du tout (heureusement). On revient, l’eau est calme, on embarque Quentin, Thierry, Catherine et Hélène pour faire une ballade.

Encore une terre spongieuse ! c’est drôle. On marche en essayant d’éviter de s’enfoncer dans l’eau. Ce coin est connu pour ses barrages de castors. On se dirige vers une forêt d’arbres morts : la faute aux castors qui détruisent les arbres pour en faire de gros barrages et détourner la rivière. On retrouve cette mousse rouge étrange. On marche sur des tonnes de plantes vertes, on penserait qu’on s’enfoncerait dans l’eau mais le sol est tellement imbibé qu’au final on évite le pire. Comme d’habitude je suis à la ramasse parce que je prends des photos. Je galère un peu à récupérer les autres mais j’arrive à retrouver Quentin. Le paysage est magnifique : des arbres morts, la rivière dont la couleur est grisée par les minéraux, et les montagnes avec leurs glaciers qui entourent la caleta, et toutes cette dense végétation de toutes les couleurs ! Un plaisir pour les yeux, et je pense que la pluie rajoute une ambiance qui rend le paysage encore plus mystique. On marche le long de la rivière puis on décide de s’enfoncer dans la forêt avec Quentin et de laisser les autres qui essayent de traverser la rivière sur un tronc d’arbre. Je crois que c’est de loin la plus belle forêt que j’ai pu voir de toute ma vie. On se serait cru dans Merlin l’enchanteur ! Des arbres dans tous les sens recouverts de mousse, de fleurs, de plantes de toutes sortes, des plantes spongieuses au sol qui ressemblaient à des mini feuilles de salade, des barrages de castors… On continue de s’enfoncer puis on finit par retourner vers le centre dépourvu d’arbres. On aperçoit les autres au fond, on essaye de les rattraper. Le sol est plus jaune et on retrouve la mousse rouge dans laquelle on enfonce nos bottes de quelques centimètres à chaque pas. Autour de nous les montagnes s’élèvent, l’eau tombe des glaciers et forment de grosses cascades dont le bruit raisonne dans nos oreilles. On passe devant un énorme barrage et une grosse maison de castors ; on en verra un énorme dans l’eau en repassant devant sur le retour. Cette ballade était superbe, dommage que nous n’ayons pas eu plus de temps devant nous car on pouvait bien voir le glacier d’un peu plus loin.

On retourne sur le bateau et avec Marion on repart avec Charles pour attacher le boutbleu à un arbre. On s’entortille dans avec le boutnoir que nous tirions pour avancer, Carles change de sens et on galère à le remettre dans le bon sens. En voulant sortir de Charles on failli de perdre Marion dans l’eau ; il y avait plus d’eau que prévu du coup on pagaie fort pour se rapprocher de la terre. Un fois le boutaccroché on repart en tirant le boutnoir et la je failli de tomber la tête la première dans l’eau ! La corde s’est coincée dans une partie de l’annexe au moment où je la tirai comme une dératée. Les présents sur le bateau se sont bien marrés, et nous aussi ! on continue de tirer puis on arrive enfin au bateau les doigts gelés. En rentrant dans le voilier ça sent bien bon, Catherine prépare du vin chaud en attendant.

Marion se met à préparer un bœuf bourguignon, au début je pensais que c’était une blague, jamais je n’aurais pensé manger ça en plein milieu du canal de Beagle. Tout le monde est calme, on est fatigués. On mangera vers 23h puis on ira au lit.

Aujourd’hui nous allons dans un endroit nommé Estero Fouqué. Il y aura une bonne heure et demi pour y parvenir. C’est un endroit souvent oublié des marins puisque les gens qui partent en croisière avec les voiliers ne sont pas vraiment intéressés par des séjours dans le Beagle et préfèrent aller voir le cap Horn. Grave erreur.

Nous nous levons tous aux alentours de 9h (toujours contraints et forcés avec les odeurs de gaz dans nos narines). Nous déjeunons, les jeunes en bas les autres sur le pont à fumer leurs première(sss) cigarette(sss). Le vent s’est mis à bien soufflé ce matin à partir de 8h, du coup il semblerait que nous ne soyons pas très pressés. Puis tout d’un coup, au bout d’une heure, tout le monde s’active ! on met les voiles ! Je vais aider Marion avec l’ancre ; je dois m’assurer que la chaine est correctement lovée lorsqu’elle la remonte. Quelques minutes plus tard on est partis.

Le trajet est magnifique. On en prend plein les yeux. Le sommet des glaciers et des montagnes est dégagé, c’est impressionnant. Tout d’un coup, je me mets à crier ‘’dauphin !!!’’, il sortait de dessous le voilier. Voilà une journée qui commence bien !

Pendant une heure et demi on admire ce paysage fabuleux. Je descend chercher du kir pour Thierry, Catherine et Philippe lorsque tout à coup ils me disent de remonter car il y a quelque chose à voir. Je me dépêche de préparer leurs verres, je remonte et là, waouh !!!! nous sommes au pied d’un glacier !!! C’est tout simplement magique ce moment ! On se rapproche doucement, Thierry à la barre prends soin de nous laisser profiter au maximum du moment. En face de nous des montagnes brunes au sommet enneigé se mettent sur notre route, et sur notre droite ce merveilleux glacier sorti de nulle part qui se jette dans la mer. C’est impressionnant, toutes ces crevasses, ces pointes en haut, ce bleu !!! un bleu que je ne vois que dans les crevasses de glaciers. On admire, personne ne parle, puis on continue notre route.

D’autres montagnes se découvrent puis là d’un coup le début d’un glacier énorme sur la droite, puis d’un autre en face ! C’est beau ! Le temps est un peu gris mais qu’est-ce c’est beau.

On lâche l’ancre puis on prend Charles direction la côte, et c‘est parti pour une super ballade, même, Philippe vient avec nous. Malheureusement il pleut, on dirait de la neige fondue et c’est très froid, ça nous glace le visage. On descend, le sol est vaseux et il y a plein de moules partout. Cette fois c’est moi qui attache Charles avec un nœud de chaise. Je suis contente de moi, puis on part à l’aventure. Encore une fois le sol est spongieux. On cherche un chemin pour grimper, on passe dans des buissons puis en sortant le sol devient plus praticable avec ses plantes jaunâtres imbibés d’eau. On avance, ça monte, ça nous fait faire notre sport, il fait froid et il pleut bien, mais on garde la pêche. Puis tout à coup, on voit le bout de la crique : trois glaciers immenses dont la fonte crée des cascades, le tout surplombant la mer qui semble former un lac car c’est un cul de sac. C’est impressionnant. On continue de marcher, on voudrait prendre de la hauteur pour avoir une bien meilleure vue des deux côtés. Deux groupes se forment, Catherine et Hélène qui tracent sans se soucier des autres, puis Marion, Quentin, Philippe et moi qui prenons notre temps, admirons le paysage et prenons des photos au moindre rayon de soleil. On rigole bien ; c’est beau. On décide de monter mais c’est un peu casse-gueule ; du coup Philippe nous laisse partir puis nous continuons la grimpette tranquillement avec Marion et Quentin. On essaye de ne pas glisser, je galère (je suis une tortue en ascension). On finit par retrouver les filles en haut et on essayera de faire une photo de groupe avec le Nikon d’Hélène. On a trop froid, la plus nous glace les os. Après la photo on décide de retourner en bas. Là c’est un peu plus galère. On ne voit pas où on s’aventure. Les dix premières minutes on court comme des gazelles et on aperçoit Philippe au loin. Il nous fait comprendre que vers la gauche c’est bon mais on ne voit pas, on voit le vide. Marion se lance mais nous on n’est pas trop rassurés du coup on remonte tout pour tout redescendre en au moins trente bonnes minutes. On retrouve les deux en bas puis on retourne au bateau.

Thierry a l’air de bonne humeur. Il avait pour mission de cuisiner et nous avoue qu’en fait il a dormi. Marion remonte l’ancre et je vais l’aider en bas à lover la chaine.

On reprend la même route, c’est toujours aussi beau. Certains lisent et d’autres admirent le paysage pendant que Marion prépare les ingrédients pour le capitaine. On repasse devant le magnifique glacier et j’en profite pour faire quelques photos. Je descends pour lire puis 45 minutes plus tard nous arrivons au nouveau mouillage. Il y a une petite plage pas loin et on se cale dans un petit cul de sac verdoyant où de petites cascades se jettent dans la mer. On mangera les lasagnes aux fruits de mer du capitaine, et on fera deux parties de Uno pour terminer la soirée.

Ce matin on prend notre temps ; les garçons en ont marre de manger tard du coup le but c’est d’essayer de retrouver des horaires normaux. Du coup j’ai eu le temps de terminer mon livre de Bernard Minier, excellent livre d’ailleurs ; puis j’aide Marion et Catherine à faire la cuisine, le capitaine reste avec nous pour discuter. On apprend plein de choses sur chacun c’est assez drôle ; Catherine et Thierry ont eu plusieurs vies dans leur vie, surtout Catherine. Les autres sont en haut en pleine méditation ou lecture.

On mangera vers 13h puis on ira se balader sur terre une petite heure car nous avons de la route à faire. L’endroit est joli. Sur notre route, le long de la plage, nous croisons de jolis oiseaux noirs avec un bec rouge puis nous nous enfonçons sur la droite à travers les buissons et les hautes plantes. Certaines plantes sont piquantes et ressemblent à du houx. Après cinq bonnes minutes le chemin est un peu plus praticable et nous rencontrons notre première cascade en plein milieu des plantes vertes. Le sol est un peu moins spongieux ici, du moins ça en a l’air. On grimpe encore un peu pour voir le haut de la cascade, c’est très joli. De l’autre côté on aura un joli panorama avec une sorte de forêt et des cours d’eau et cascades en premier plan, la mer aux teintes turquoises par endroit en second plan, et la montagne sous la brume en dernier plan. On redescendre tranquillement puis retournera au bateau.

Quelques minutes plus tard tout le monde s’activera car ce soir nous dormirons dans le plus bel endroit des canaux selon Marion : Coloane (« c’est La Réunion avec des glaciers » selon elle). Coloane c’est le nom d’un écrivain. Sur la route on verra plein de gigantesques glaciers, c’est à couper le soufle, j’en ai rarement vu d’aussi gros. Avec Marion on partagera mes écouteurs et fredonnerons des airs de Muse, Linkin Park et autres bons groupes. Quentin a l’air de tester l’étanchéité de ses vêtements, il est complètement trempé mais ne semble pas dérangé par la pluie et le froid le moment.

Nous approchons de Coloane, et là je comprends tout de suite pourquoi elle a insisté pour s’y rendre. C’est absolument extraordinaire ! Un glacier, qui se jette dans la mer, immense, d’un bleu ! Puis un second, et un troisième ! Et comme si cela ne suffisait pas, des dauphines s’amusent à passer de chaque côté de bateau. On se croirait au Paradis de la Patagonie. On est tous super contents, on a aussi perdu Marion elle est surexcitée. On s’engage dans une petite crique à l’abri du vent et faisant face aux glaciers. On mouille. Deux mots : What else ?

Ce matin c’est compliqué : le capitaine voudrait que l’on remplisse les réserves d’eau douce, et Marion voulait faire une ballade avant. Finalement on fera la ballade en premier. On mettra un peu de temps à démarrer la journée car il faut accrocher le moteur sur Charles. Une fois que c’est fait on se met en route direction la terre des castors et un glacier. On fera quelques minutes de zodiac avant d’arriver à terre. Il y a de hautes herbes qui encombrent le passage. Il faudrait traverser la rivière pour atteindre le glacier. Sur notre route on tombera sur des vestiges d’arbres dont certains ont les troncs qui tiennent en équilibre, et des barrages énormes de castors, avec leur grosse maison en plein milieu. On s’attarde un peu près d’un barrage ; Thierry essaye de faire une brèche pour réveiller les castors mais en vain. Du coup on part en direction du glacier. C’est magnifique. Il tombe dans la rivière de façon perpendiculaire c’est assez impressionnant. On entend de temps en temps des avalanches. On restera au moins trente minutes à l’observer puis on retournera au bateau.

La seconde partie de la journée consistera à aller chercher de l’eau douce dans une cascade que Thierry a repéré en face du bateau. Quentin et moi y allons en premier avec Thierry avec deux bidons de 25L, puis nous ferons plusieurs allers-retours avec Hélène et Quentin pendant que d’autres feront la cuisine. Après la pause déjeuner tout le monde se rend au glacier. On prend le zodiac, le paysage est grandiose. On arrive au pied de la montagne. On commence à grimper, le sol glisse : la mousse sur la roche ne permet pas une bonne adhésion avec les bottes. La vue d’en haut est impressionnante, on voir une chaine de montagne devant des parcelles de mer d’un côté, et de l’autre plusieurs glaciers dont l’un est vraiment très proche. Le but de la balade sera de grimper sur le glacier. On s’aventure plus haut puis on arrive dans une zone prise entre le glacier et la montagne. Je trouve que c’est très dangereux et irresponsable de nous amener ici dans un équipement adéquat et du matériel d’urgence. Marion et Thierry commencent à grimper, il y a des failles immenses de chaque côté, ça glisse, ils sont en bottes, je trouve vraiment cela idiot. Je refuse d’y aller. Je n’ai pas envie d’avoir un accident stupide au début de mon tour du monde. Quentin commence à y aller mais je pense que sa raison le fait me suivre. On laissera les autres y aller seuls. J’ai un peu les boules parce que j’aurais vraiment aimé y aller mais bon des glaciers j’en ai vu et revu et je vais en voir d’autres, et je pense que ça ne vaut pas la peine de prendre des risques. Du coup on les laisse, et on va de l’autre côté. Quentin décide de faire une sieste au soleil et moi je continue un peu le chemin pour voir la fin du glacier se jeter dans un bras de mer. C’est très beau. En haut d’un rocher je vois encore mieux les montagnes de l’autres côté. Il y a plein de jolis oiseaux qui volent et qui ne sont pas très farouches. Je retrouve Quentin et on glandouille en attendant les autres. On commence à avoir froid du coup on espère qu’ils vont se dépêcher.

Une heure plus tard on sera de retour au bateau. On fera de nouveaux allers-retours pour l’eau douce entre jeunes. On rigole bien en plus il fait beau. Avec Hélène on décide de faire notre lessive et de prendre une douche, quelle douche ! Elle est gelée !! mais quel bonheur de se sentir propre ! Quentin et Marion continuent de faire les allers-retours puis nous retournons au bateau tous ensemble. Hélène restera avec les autres puis on continuera d’aller chercher de l’eau douce pendant une heure.

En rentrant on sent comme une tension, Thierry n’est pas de bonne humeur. On dînera sans lui, le repas qu’il aura préparé d’ailleurs. Catherine et Philippe ont l’air mal à l’aise, nous on essaye de rigoler quand même. Dès qu’ils auront terminé leur assiette ils iront retrouver Thierry dehors. C’était un peu bizarre comme ambiance mais bon, demain sera un autre jour !

Aujourd’hui on remonte vers le nord du canal.

Tout le monde s’active, Thierry râle encore sur tout le monde, comme à chaque départ et à chaque mouillage…puis on part.

Le vent est fort, j’ai du mal à aider Marion en cuisine, j’ai besoin de m’allonger un peu. Finalement je resterai en bas la plupart du temps après le repas car j’ai vraiment besoin de calme ; la vie en communauté dans un petit espace commence à devenir un peu difficile malgré les moments de rigolade. Pour Quentin c’est la même ; il parle encore moins et lit encore plus.

La traversée durera quelques heures. Au bout d’un moment Quentin vient me chercher car on devrait apercevoir un magnifique glacier. Je monte et là, c’est fabuleux ! Des glaciers qui se jettent dans le canal, des pics de montagnes qui peinent à se dévoiler au travers des nuages, des bruits de craquement de glace qui tombent dans l’eau. Un magnifique spectacle. On continue de s’enfoncer dans une crique avec au bout la cerise sur le gâteau : un mur de glace aux teintes bleus, grises et blanches qui se dresse devant nous. Des morceaux de glaces partent à la dérivent et le choc avec le voilier nous fait penser que nous sommes dans un autre monde. On restera bien trente minutes à l’observer. C’est, pour le moment, ce que j’ai préféré du voyage. Ce bleu ! Cette hauteur ! Ces pics de glace ! De temps en temps la glace craque et fend l’eau de tout son poids produisant de grosses vagues accompagnées d’un bruit sourd. On a de la chance, il pleuviotte doucement pendant l’observation puis se remet à pleuvoir quand on rebrousse chemin pour faire le mouillage

On retournera tranquillement en arrière, on repasse devant des glaciers gigantesques et on mouillera au pied d’une petite île verdoyante, le voilier faisant face à un glacier magestueux.

Ce soir Marion nous propose de faire des crêpes. Je me charge de faire la pâte et Hélène et Marion s’occuperont de la garniture. Marion est un peu faible en ce moment, ça me fait un petit coup au moral ; j’espère qu’elle sera sur pied très vite. Du coup Hélène passe à la cuisson des crêpes (sans binic je galère). Encore une bonne petite soirée accompagnée d’un super repas en perspective !

Après le repas je décide d’aller prendre l’air, le ciel semble dégagé. Je m’habille, prépare l’appareil et là c’est le spectacle. Les sommets sont dégagés. C’est splendide. Je resterai une bonne demi-heure à contempler les montagnes jusqu’à-ce-que la nuit finisse par tomber.

Ce matin au réveil on apprend que Charles a fugué ! Comment il a-t-il fait pour se retrouver de l’autre côté de la rive, sur l’herbe ?! Le boutest toujours attaché mais lui a disparu. Du coup quelqu’un doit se sacrifier pour aller le chercher. Thierry a une combinaison étanche, des gants, une cagoule, et des palmes. Au début ils avaient désigné Hélène comme elle a montré son goût prononcé pour l’eau gelée mais j’ai dit que ça ne me dérangeait pas d’y aller si elle ne voulait pas ; j’ai vraiment besoin d’une pause mentale. Je commence un peu à saturer de certains comportements. Marion apprend ce qu’il se passe et du coup impose qu’elle ira, personne ne discute. Cela m’exaspère au plus haut car je sais qu’elle ne devrait pas y aller. La moutarde monte. Elle veut partir en mode free-style, je commence à un peu dire ce que je pense. Finalement elle prendra la combinaison. Je ne comprends pas les gens qui l’encouragent, sans rien, sans prendre de bout, sans prendre de barre énergisante au cas où elle aurait un souci de l’autre côté. Je commence à m’énerver. J’entends que mes commentaires ont quand même été entendus mais certains continuent de hurler dans tous les sens. J’essaye de garder mon calme. Elle ira sur le dos, galèrera à nager à cause du froid, se démènera comme une fois jusqu’à épuiser ses dernières forces, les autres hurlants dans tous les sens. Ça m’énerve de plus en plus, je m’inquiète pour elle. Elle doit ramer maintenant. Elle arrivera finalement à tout faire mais à son retour je vois bien qu’elle est HS. Les gens qui clament me gonflent au plus haut point. Thierry et moi l’aidons à sortir de sa combi. J’avais préparé une banane pour qu’elle reprenne des forces mais certains ont décidés que c’était inutile. Elle file à la douche et là je dis qu’elle ne devrait pas faire la cuisine pour se reposer mais le retour que j’ai eu était : ‘’elle fait ce qu’elle veut’’ ; et là c’est le drame, je pète un câble et je décide de partir m’isoler. J’en ai ras le bol de tout le monde, de leurs comportements irresponsables. J’ai besoin d’air et de silence. Je vais au bout du bateau et là je fonds en larmes. Je regarde le paysage ; c’est toujours aussi beau.

Un peu plus tard Marion vient me retrouver, visiblement touchée par mon attitude. Je suis vraiment triste pour elle et je lui dis le fond de ma pensée. Quentin vient après pour le consoler. Il en a aussi marre de certaines attitudes et me dis d’essayer de prendre sur moi, mais c’est difficile.

On va partir du coup je souffle un grand coup et je vais aider tout le monde comme si de rien n’était. Je resterai sur le pont, au bout, à prendre le soleil les trois quand de la traversée. Hélène me rejoindra plus tard avec un peu de chocolat puis restera car le paysage devient de plus en plus magique. On va vers un glacier, Pia, c’est tout simplement à couper le souffle. Il y a plein d’icebergs. On avance de plus en plus près du glacier, les couleurs et les formes se dévoilent, c’est impressionnant. Personne ne parle tellement c’est beau. Thierry slalome entre les icebergs. On entend seulement le bruit du voilier qui écrase les morceaux de glace sur son passage. Le sommet des montagnes est découvert, il fait bon, le soleil réchauffe. C’est tout simplement beau. Le glacier est de plus en plus près ; une montagne encerclée par la glace qui se jette dans l’eau. On entend les bruits sourds de la glace qui se craquèle et tombe dans l’eau. On passera bien une heure à observer la glace, ses couleurs, ses formes, ses sons. Un énorme morceau de glace craque et tombe et là, c’est la ‘panique’, tout le monde fonce s’accrocher car la vague va être assez grosse. Plus de peur que de mal mais c’était tout de même impressionnant. Puis de nouveau, personne ne parle, tout le monde regarde. Marion en bas fais la cuisine. Je lui avais demander ne me rien me faire mais comme elle voulait me faire plaisir elle m’a quand même préparé une assiette et en plus fait un gâteau au chocolat. J’aime beaucoup cette fille, elle a un cœur en or. On mangera tous en haut à regarder le glacier. C’est juste époustouflant. Le temps sera avec nous jusqu’à ce qu’on parte. Sur le retour Philippe prend la barre et évite du mieux qu’il le peut les icebergs. Le temps change, il commence à bien venter et à faire froid. Je descends, Marion est en bas du coup on discutera. Hélène nous rejoindra après. C’est sympa. Maintenant on se dirige vers la caleta Cinco Estrellas. Le temps risque d’être mauvais demain du coup on va sûrement rester là-bas deux nuits.

On arrive à la caleta. On accroche le bateau avec quatre bouts car le vent devrait bien souffler. Un dauphin nous a accueilli rapidement en arrivant. On dit à Charles de se tenir à carreaux en rigolant.

Thierry, Marion et Philippe nous font comprendre que nous devons aller faire une longue randonnée. Du coup on part avec Quentin, Catherine et Hélène. Cette fois-ci on se suivra. Après Pia, cette caleta me paraît un peu fade et sans intérêt. Il n’y a pas grand-chose à voir. On retournera rapidement vers le bateau mais les autres font semblant de ne pas nous entendre pour ne pas venir nous chercher de suite. Thierry et Philippe devaient être en train de faire de la mécanique et Marion la cuisine (ce soir c’est gigot mais pour moi rien, j’ai mal au ventre de trop manger). Finalement Marion vient nous chercher.

Le repas de gigot était intéressant. Marion nous avait prévenue qu’elle ne parlerait pas et serait concentrée sur son os. C’est exactement ce qu’elle a fait, c’était limite flippant. Le bruit du couteau sur l’os me donnant des frissons je suis partie de table. Je n’avais pas vraiment envie de rester de toute façon ; je suis de plus en plus épuisée de la vie à sept. Après le repas chacun ira dans son coin.

Aujourd’hui je n’ai absolument rien fait de productif. J’en ai un peu marre et je suis claquée. Le froid contribue sans doute à mon état de loquification.

J’ai passé toute la matinée dans le lit à travailler mon espagnol et à dormir ; je suis allée déjeuner puis me recoucher pendant que les autres (sauf Marion et Thierry) sont partis en randonnée.

Le soir c’est la tempête, il pleut et vente très fort. J’espère qu’on pourra partir de cette caleta, je ne l’aime pas trop. On dîne, puis je jouerai aux cartes avec les filles une petite demi-heure avant que tout le monde n’aille au lit.

J’entends les autres qui commencent à sortir le petit déjeuner mais je n’ai pas envie de parler. Je me dis qu’il est tôt et que comme d’habitude ils vont fumer, manger, fumer, glander. De plus, le vent souffle super fort, et il pleut. Du coup pas la peine de se presser, et je n’ai pas faim (en fait je n’ai plus les céréales que j’aime du coup je n’ai plus rien qui me fasse vraiment envie, et la flemme de faire du thé).  Je resterai glander toute la matinée dans le lit à lire. Quentin vient me dire qu’en fait on s’est tous levés vers 10h ; du coup on ne partira pas le matin à mon grand désespoir.

Je dis à Marion de ne pas me faire une portion énorme pour le déjeuner ; j’en ai un peu marre de trop manger et surtout de manger gras (le fromage et la crème me donnent des boutons) ; il faut que j’arrive à me contrôler et à diminuer les quantités sinon je vais devenir une boule ! Surtout que je sais ce qu’elle compte faire avec les restes de bouillon (des pâtes aux fruits de mer). J’ai la tête lourde et mal aux oreilles. Je commence à saturer je pense. Les bruits des autres raisonnent dans ma tête du coup je préfère retourner m’isoler dans mon coin.

Ce soir Marion me propose de cuisiner le poisson en papillote. J’accepte car il faut bien que je sorte de ma tanière et en plus il y a Marion, Quentin et Hélène donc ça sera sympa. On discute et on rigole, ça me remonte un peu le moral. Le repas arrive, tout le monde a l’air d’apprécier mais je ne parle pas trop ; je n’ai plus envie de parler. Je reparlerai quand on sera entre nous quatre à jouer au kems.

Le soir avant d’aller au lit je pense faire l’erreur d’avoir mis un kleenex dans les toilettes. Je ne sais plus si cela faisait partie des choses interdites pour ne pas boucher les WC. Et là, bingo ! les WC donc bouchés… Bien entendu, c’était la goutte d’eau pour moi, je me dis que ça y est ils vont me détester encore plus. Du coup j’écris deux mots sur chaque WC pour prévenir les gens que j’ai potentiellement bloqués les toilettes…

Je fonds en larmes dans le lit. Je n’en peux plus de tout ça. Je ne dormirai pas car j’appréhenderai les commentaires du lendemain.

Le matin c’est dur…j’ai la boule au ventre. Je n’ai pas dormi, je suis crevée, j’ai le cafard. Bref, rien ne va plus.

Je dis aux gens que j’ai peut-être bloqué les toilettes mais Hélène me dit que le kleenex aurait dû se dissoudre. Malgré mon mot, Catherine y a quand même été et pompé un peu plus… Marion et Thierry ne sont pas encore là du coup je bouillonne intérieurement. Je vois Thierry avec le mot, puis Marion et je lui dis. Je lui dis que je déboucherai etc mais pas de réponse avant son café et sa clope (c’est sa règle). Rien de Thierry. Je m’en veux, mais je trouve ça tellement con qu’un kleenex ait pu boucher les WC.

Finalement Thierry et Marion partent en expédition pour déboucher et là, ce n’était pas mon kleenex le fautif mais une fichue lingette !!!! Je me sens soulagée mais je sais que tout le monde pense que c’est moi. Marion me regarde avec un sourire mais je lui dis que je suis sincère. Thierry est en colère. Je me sens tellement mal. Cela m’apprendra à être honnête.

Je reste un peu en haut avec les filles. Catherine me regarde comme si j’étais coupable ; Marion fait une réflexion alors je m’énerve et je leur balance que si elles veulent voir ma poubelle sale bin je peux la leur montrer !

On part de la caleta. J’ai vraiment le cafard, je veux retourner à Ushuaia au plus vite et quitter ce bateau où je ne me sens pas à ma place.

Je resterai en bas à lire, et je ferai des aller-retours dans ma cabine pour pleurer discrètement. J’en ai marre. Je remonterai quand nous approcherons des glaciers, mais sans sourire, les yeux rouges, le regard las.

Par chance on mange sur la route ; du coup j’en profite pour manger dehors avec Marion qui tiendra la barre. Il y a énormément de vent : des rafales à 50 nœuds. La route est super belle mais voir le bateau se pencher me donne le vertige…Marion me fait rire du coup c’est sympa, j’essaye de retrouver le moral. Quand Thierry remonte j’en profite pour redescendre (j’apprendrais par la suite que personne ne parlait en bas, jusqu’à ce que Thierry soit remonté).

On arrive à la nouvelle caleta, c’est super joli. Il y a des petites plages et un glacier au loin. Thierry nous dit qu’il y a une belle randonnée à faire pour voir le canal et un lac. Du coup on fonce avec Hélène et Quentin car on en a marre de l’ambiance, et de toute façon on a que ça à faire. Du coup on prendra notre temps. On traversera la broussaille pour arriver sur un terrain de mousse bien imbibé. On trouvera le cours de la rivière que l’on montera. Le but étant d’aller le plus haut possible pour voir le canal et le lac émeraude. On galèrera bien deux heures à grimper. Il y a plus de 600m de dénivelé, c’est de la boue, de la mousse, des plantes qui piquent etc mais on arrive finalement à apercevoir ce lac après deux heures de grimpette. Une fois en faut on est crevés mais tout contents. On se cale pour admirer le paysage. C’est magnifique. On voit très bien les montagnes de part et d’autre du canal qui a une couleur turquoise ; et en face de nous on voir ce superbe lac avec des cascades qui en tombent. On chante, on crie, on hurle même. Une heure plus tard en redescendant, on trouvera un coin sympa et calme le long de la rivière. On s’y attardera une vingtaine de minutes à écouter le son de l’eau. J’ai envie de pleurer. En repartant je leur dis que je n’ai vraiment pas envie de retourner au bateau et là Hélène comprend bien que ça ne va pas.

On prend notre temps, on n’a rien de mieux à faire que de se balader de toute façon. On décide de longer la plage pour rentrer. Là aussi c’est superbe. La lumière donne une teinte bleutée au canal et aux montagnes. On prendra notre temps pour admirer le paysage et pour retourner au bateau. On se demande qu’elle ambiance y règne et surtout quel commentaire négatif on va se prendre.

Ça ne loupe pas. Thierry vient nous chercher, pas très souriant. Une fois sur le bateau Thierry nous dit que les filles sont parties nous chercher car tout le monde était inquiet ; on est partis pendant cinq heures etc… Quentin part se doucher, je pense qu’il n’a pas du tout envie de se prendre la tête, surtout après le bon aprèm qu’on a passé loin de tous. Hélène et moi proposons de retourner chercher les filles ; on les entend crier au loin. Thierry et Philippe râle ; Philippe partira finalement avec Hélène pour appeler les filles ; je resterai en haut avec Thierry mais sans rien lui dire ; j’ai décidé de ne plus dire grand-chose à partir d’aujourd’hui. Au bout d’un quart d’heure tous reviennent. Catherine avait eu vraiment peur ; je pense plus pour Hélène comme elles s’entendent bien. Elles reviennent et l’atmosphère se détend un peu. Je discute avec les filles, Marion part cuisiner, Quentin je ne sais pas trop et j’ignore Thierry et Philippe.

Le vent souffle super fort dehors, on n’a jamais eu d’aussi fortes rafales ! Il y a deux autres bateaux qui ont mouillés sur la caleta.

Aujourd’hui on bouge. On prend notre petit déjeuner tranquillement avec Hélène et Quentin. Les autres fument en haut. Une fois que tout est rangé (par les mêmes comme tous les jours), on se positionne aux différents postes pour le départ.

Il fait super beau dehors, ça me réchauffe un peu le cœur. On partira sous un beau soleil. De chaque côté les montagnes sont majestueuses, on voit un super glacier qui coule le long de la montagne. Sur la route on croisera des bateaux de pêcheurs. Je resterai en haut dans mon coin, au soleil, à regarder la mer et les montagnes, en écoutant Muse.

Marion prépare le repas. Je suis contente je vais encore profiter du fait qu’on ne mouille pas pour manger avec elle pendant qu’elle tient la barre. Quelques minutes plus tard, Philippe revient en haut reprendre la barre ; je suis un peu déçue j’aurais préféré qu’il prenne son temps.

Tout le monde remonte après que la vaisselle soit terminée. Au bout d’une heure Philippe aperçoit le souffle d’une baleine ! On est tous surexcités et on attend qu’elle se montre. On verra son dos et sa queue au bout d’une quinzaine de minutes. C’était chouette.

Finalement on ne mettra pas de bouts, on se servira uniquement de l’ancre pour le mouillage. Le paysage est joli mais j’ai vraiment la haine et la boule au ventre. Cela fait trois jours que j’ai des nausées à cause de ce mal être qui me ronge ; je mange moins pour que ça passe plus vite.

On partira entre jeunes encore aujourd’hui. On nous demande quand on compte rentrer pour éviter les traumas de la veille ; je dis doucement à minuit quand tout le monde sera au lit !

L’eau est superbe, on se croirait dans l’océan indien : turquoise, avec des dégradés de bleus. Les montagnes sont jolies et c’est drôle de voir comment elles sont formées : elles sont recouvertes de végétation aux deux tiers puis au sommet, plus rien, seulement de la roche.

Sur cette partie de l’île il y a une estancia (une ferme) abandonnée. Il y a trois maisons abandonnées. On décide de s’aventurer dedans avec Hélène. C’est glauque mais drôle ; il y a un gros crane d’animal (de cheval sans doute) posé sur un reste de bar ; des bouteilles vides, des matelas sals au sols…bref, un gros squat !

Hélène décide de rester seule sur la plage avec son livre et je partirai en randonnée avec Quentin et Marion pendant plusieurs heures. C’est marrant de marcher sur un sol dur ! pas de mousse ici ! Mais il y a quand même des zones de gadoue et des ruisseaux à traverser. C’est plat, fleuri, les montagnes sont belles, les arbres bien verts ; c’est beau et agréable. Je respire. On marchera une heure avec Marion, on croisera des oies, traversera des ponts sur le point de s’écrouler, puis on continuera seuls avec Quentin. Je lui dis que je ne suis pas bien, que je n’ai même plus envie de partir en Antarctique sur ce bateau. Mais au final on n’aura jamais un prix aussi réduit ailleurs du coup on le fera. S’il nous reste des sous on fera le reste de l’Argentine au passage, le nord a l’air magnifique. En rebroussant chemin on voit un cheval sauvage. L’ancien fermier a dû abandonner son estancia et donc ses animaux car il ne recevait pas assez de subventions du gouvernement. On retrouve Marion qui cherche des fruits puis on retourne doucement vers le bateau en prenant des chemins pleins de ronces, des sentiers un peu chaotiques mais avec des points de vue magnifiques sur la vallée et le canal de Beagle. Quatre heures plus tard on retrouve Hélène au bord de l’eau et Philippe vient nous chercher avec Charles. Je vais chercher mon livre, Hélène aussi, puis on se cale en haut au soleil. Le vent se lève. Thierry, Catherine et Philippe descendent et seront remplacés par Quentin avec son livre. Thierry prépare des cocktails.

Le départ fut assez rapide car seulement l’ancre avait été jetée.

Cette journée ne sera pas très intéressante : je resterai dans la cabine, j’ai eu le mal de mer et cela m’a bien servi d’excuse pour m’isoler.

Hélène a pris la barre, ils ont sorti la voile, je n’ai même pas eu envie de sortir. Il y a énormément de vent dehors donc l’arrivée à Puerto William était un peu chaotique. On a dû faire deux mouillages avant de pouvoir aller au Micalvi.

Le reste de la journée se passera bien, on prendra une bonne douche chaude (le pied), le repas aussi se passe bien (ouaouh). Le soir j’irai regarder un film avec Hélène au Micalvi puis dodo.

Chapitre 4 : Cap Horn

On a internet et des douches !!!! du coup on fonce tous le matin en profiter. On devrait partir un début d’après-midi, direction le Cap Horn (si on a une fenêtre) ou vers des îles du sud.

Je prends mon temps, pas du tout envie de rester sur ce bateau. Une fois que j’ai terminé de trier mes photos et de discuter avec tout le monde je vais prendre mon petit déjeuner (vers 11h…).

On partira un peu précipitamment pour éviter la marée basse. Thierry n’a pas trop râlé, c’était surprenant.

Le midi je mange sur le pont avec Philippe qui navigue; du coup j’ai évité de lui parler. C’est lui qui me dira qu’il y a une baleine. C’était sympa, puis je me suis remise dans mon monde. Marion est venue se joindre à nous ; nous étions tous les trois en haut, ça a détendu l’atmosphère (qui devait sûrement n’être tendue que pour moi en fait). Il y avait un gros lion de mer sur un caillou avec plein d’oiseaux, c’était assez surprenant puisque les oiseaux sont son repas…

On arrive à Puerto Toro, la ville la plus australe du monde. Grosse galère pour s’amarrer au ponton à cause du vent.

On ira faire une ballade entre jeune ; les vieux feraient-ils la tête ? en tout cas personnellement je trouve que c’est mieux ainsi ; moins je les vois mieux je me sens.

Puerto Toro c’est…spécial. Il y a quatre maisons qui se battent en duel. C’est un village de pêcheur qui est mort l’été car la pêche des « cebollas » est interdite jusqu’à l’hiver. Du coup les gens quittent le village.

On traverse le village en rigolant, passe dans les hauteurs, on traverse la forêt avec Marion en tête qui connait le chemin qui est bien balisé (ils ont mis des marques rouges sur les arbres, on dirait du sang, c’est glauque). On arrive au bout ; il y a un phare. J’aurais voulu dire que c’était joli mais non, ça n’a rien de charmant ; en plus il fait gris. On glandera pas mal de temps ; je pense que personne ne souhaite rentrer sur le bateau dans l’immédiat. On s’allongera dans l’herbe et Quentin finira par s’endormir. Au bout de vingt minutes de sieste on se remettra en route, toujours en rigolant. Quentin a l’air un peu mou, pas en super forme.

Marion rentrera au bateau pour commencer à cuisiner, je suppose, Hélène restera sur la plage (pleine de cailloux et de carcasses d’animaux), et avec Quentin on continuera un peu la balade pour aller voir des tranchées (elles ont été mises en place au cas où les Argentins souhaiteraient envahir la ville…quelle idée !). Au bout du sentier, la vue est toujours bof mais il y a un banc sur laquelle on s’assoit et on se repose l’esprit. Je ne veux plus aller sur ce bateau. Je compte les jours.

On retourne au bateau et là Quentin va lire sur le pont, Thierry, Catherine et Philippe resteront fumer entre eux et je serai avec Hélène et Marion en bas à cuisiner. On rigole bien toutes les trois. On aide Marion, Hélène semble péter un câble du coup c’est assez drôle.

Marion passe pas mal de temps a essayer de trouver pourquoi mon ordi a des bugs mais sans succès.

Ce matin je n’ai pas envie de me lever. J’ai très mal dormi ; mal au ventre, j’ai encore pleuré cette nuit de fatigue et de tristesse.

Il fait bon et beau dehors du coup je sors prendre l’air avec les autres mais je ne parle pas aux gens ; pas envie. On mettra les voiles vers 11h. La marée est haute et il n’y a pas de vent du coup les manœuvres sont rapidement faites.

La mer est calme une grande partie de la journée. On ralenti près d’un îlots avec plein d’oiseaux. Ça pue c’est une infection ! On croisera quelques lions de mer sur la route.

Quentin me retrouve sur le pont ; ça fait du bien d’être à côté de lui ; il lit et moi j’écoute ma musique. Quand il redescend j’ai de nouveau un coup de blues ; j’ai envie de pleurer, je me mets en boule contre le hublot et j’essaye de penser à autre chose. J’ai envie de dire à Marion de ne pas me compter pour le repas de midi mais j’ai tellement peu d’énergie et pas envie de parler que je n’y vais pas.

Au bout de vingt minutes je commence à avoir froid, je fonce au lit et je n’en bougerai pas pendant deux bonnes heures je pense. Marion vient voir si je veux manger dedans ou dehors mais je crois qu’elle a compris que je voulais être seule et que ça sera sans moi pour le repas. Je suis tellement mal que je sens mon corps se crisper tout le temps. J’ai beau manger gras et sucré, je suis tellement stressée que je perds du poids.

Un long moment plus tard j’entends les autres hisser la voile ; Quentin est en train de faire la vaisselle. On a tellement peur de se faire disputer qu’on ne sort plus lorsque l’on est en bas quand une manœuvre a commencé.

Quentin monte ; j’hésite. Je me motive et je me cale contre lui. On ne redescendra pas avant un moment. On est dans le passage de Nassau, celui qui risquait de poser problème pour la traversée. Finalement c’est calme et il ne pleut pas ! Au loin on aperçoit les îles. Rien à voir avec tout ce qu’on a vu ces vingt derniers jours ! J’ai du mal à comprendre les gens qui payent si cher pour aller au Cap Horn.

Le vent se lève et les vagues sont de plus en plus hautes et fortes. Je me concentre pour ne pas avoir le mal de mer. Je suis tellement épuisée mentalement et physiquement que mes yeux se ferment et la nausée arrivent. Je me recroqueville dans mon coin et Catherine me donne immédiatement des pastilles homéopathiques pour le mal de mer. Je ne sais pas si c’était le mal de mer ou le stress de voir toutes ces vagues énormes et le bateau tanguer dans tous les sens.

Quand on se rapproche du mouillage j’essaye de me booster pour aider les gens malgré l’épuisement. C’est assez joli là où on est (Caleta Maxwell). Il y a déjà un bateau de pêcheur amarré. Ils nous regardent faire nos manœuvres et nous saluent. Leur bateau fait de la peine à voir ; leur vie doit vraiment ne pas être facile.

Pour la première fois depuis le début Thierry complimente l’équipe ; j’entends mais je ne relève pas. Je descends avec Hélène et Quentin. Philippe vient et nous félicite aussi car le capitaine nous a félicité. Il y a une bonne ambiance qui a l’air de régner. Le capitaine prépare des Piscos, Catherine fait du guacamole sous la directive de Marion, Hélène dessine, et les autres je ne sais pas.

Marion me propose de l’aider pour le repas, ce que je fais avec plaisir pendant que les autres prennent l’apéro puis partent fumer. On discutera de tout et de rien entre jeunes.

Un peu plus tard Catherine et Thierry nous rejoignent, la faim se fait sentir, pendant que Philippe et Hélène sont sur le pont. Thierry nous fait rire avec le mail d’une cliente qui fera une croisière l’année prochaine et qui se le met à dos avant même le début ! j’ai envie de lui dire…bonne chance !

Le repas se passe bien. En voulant aider Marion je lui verse de la sauce brûlante sur la main…fallait bien que je fasse une boulette ! On dîne, ça se passe bien ; j’en dis le moins possible. Je crois que Marion me jette des coups d’œil parce que je ne dis rien ; je ne suis pas certaine qu’elle ait remarqué que ça ne va plus.

Pour la première fois depuis longtemps il n’y aura pas eu d’histoires en fin de repas ; ça fait du bien !

Demain on va au Cap Horn…j’ai peur, j’espère que j’irai bien.

Le mauvais temps est de retour. Cela nous empêchera d’aller au Cap Horn aujourd’hui.

Du coup la journée sera constituée de jeux de cartes, repas, goûters et siestes.

Encore une fois on se lève sans vraiment trop savoir ce que nous allons faire.

J’ai très mal dormi, je suis épuisée. Le vent souffle encore mais on voit le ciel bleu au travers du hublot.

On petit déjeunera et prendra le temps de lire et de se reposer jusqu’au moment où Thierry nous annonce qu’on ne va pas tarder à se mettre en route. J’ai vaguement entendu que la météo n’était pas top et pire demain ; étant donné qu’il ne nous reste que quatre jours il faut y aller.

Le départ sera assez rapide comme le mouillage était simple. Cette fois je prends un nausicalm pour éviter le mal de mer. A ma grande surprise et satisfaction, ça fonctionne super bien ! Il y a beaucoup de houle, le vent souffle fort, les vagues font tanguer le bateau à droite et à gauche mais j’ai l’impression d’être sur une autre planète. J’essaye de me convaincre que tout va bien, que je n’ai aucune raison de paniquer puisque tout le monde a l’air serein ! Quentin et à l’arrière, il a l’air de prendre plaisir à l’agitation des bagues. Moi je flippe ! Par moments le bateau tangue tellement qu’on est presque perpendiculaires aux vagues ; j’ai du mal à rester zen, et encore moins à cacher mes craintes. Cela me vaudra d’ailleurs les moqueries des autres, mais je n’en ai rien à faire.

Le temps passe lentement ! J’en ai marre, je n’en ai rien à faire du cap Horn ! C’est juste une pauvre île qu’on ne fera que contourner sur une mer super agitée ! Aucun intérêt pour moi. J’ai l’impression d’avoir perdu une semaine de mon tour du monde. Je ne comprends pas que des gens lambda payent une fortune pour faire ça.

Arrivés au Cap Horn, ce n’est rien d’exceptionnel. C’est bien un gros morceau de roche que l’on contourne et sur lequel les bagues s’écrasent brusquement. Je regarde les vagues sur lesquelles Philippe, à la barre depuis le début, surf de façon prodigieuse ! Il n’y a aucun doute là-dessus, Philippe est un super skipper. Il fait des figures pour prendre les vagues correctement, il maîtrise le voilier et sait dompter les éléments ; tout cela en gardant son calme naturel. Dans un sens c’est rassurant ! Le vent souffle de plus en plus fort jusqu’à atteindre les cinquante nœuds ! Le bateau tangue méchamment sur la droite, je suis presque debout mais j’essaye de garder mon calme. Quentin est en bas avec Marion (je crois qu’ils essayent de faire la cuisine…). Sur le pont Thierry s’agite et râle. Il pensait que le vent allait diminuer mais bien au contraire, il souffle plus fort. On doit passer une zone un peu difficile car prise entre plusieurs roches, et avec peu de fond par endroit si j’ai bien compris. Au bout d’un moment Thierry se résigne à remettre la voile, ce qui permettra au bateau de se remettre à plat. Du coup j’en profite pour descendre m’allonger. J’ai très froid, je n’ai plus de circulation sanguine dans mes mains et mes pieds et je n’arrive pas à les réchauffer. Je me mettrai en boule dans le lit. Quentin essayera de me faire aller mieux mais en vain. Ce ne sera qu’en milieu d’après-midi que je me sentirai un peu mieux mais toujours avec les pieds froids. Je me sens encore plus faible ; je n’ai rien bu ni mangé depuis longtemps ; et comme je n’ai pas envie de me lever (je suis trop épuisée), ça ne s’arrange pas.

Je trouverai la motivation vers 19h et je proposerai aux gens de faire un scrabble. Je ne jouerai qu’avec Quentin et Philippe.

Je n’ose pas demander où nous avons mouillé et ce que nous allons faire demain ; j’ai toujours peur des commentaires désagréables. Demain on devrait repasser dans la baie de Nassau. J’espère que ça sera comme à l’aller : le calme plat !

Du fait de la météo nous resterons au mouillage toute la journée, et départ demain matin très tôt direction Puerto Williams.

La journée sera faite de bouffe, sieste et jeux !

Ce soir le capitaine a préparé une moussaka au poisson (Catherine ne mangeant pas de viande). C’était super bon. C’est dans une super bonne ambiance que la soirée se terminera.

Le réveil pique un peu ce matin. On est tous levés entre 5h et 6h car on a beaucoup de route à faire.

La mer est calme, il n’y a pas de vent, du coup on avancera au moteur.

Sur le passage on voit plein d’îles assez plates que le soleil tente de réchauffer avec ses rayons. Cela donne de belles couleurs aux montagnes.

Au loin on aperçoit des îles mais leur contour n’est pas très net à cause de la brume.

Au bout d’une heure les dauphins nous accompagnerons un peu. Quelques pinguins et otaries croiseront aussi notre chemin.

On se retrouve entre filles en haut à se remémorer de vieilles chansons dont on a oublié à moitié les paroles. On rigole bien.

Au bout de deux heures je redescends retrouver Quentin pour une grosse sieste.

J’ai dit que je ferai un cake à l’ananas pour le dessert du coup je me motive !

Après le repas on retourne sur le pont avec Quentin. Il fait bon et beau. On aperçoit le bateau Ebe : c’est un gros bateau qui a coulé à cause du manque de fond. D’après Marion il y aurait une bibliothèque à l’intérieur et des lions de mer s’en servirait d’abri avec les nombreux oiseaux. Thierry prend le temps de passer tout près, si près qu’on arrive à voir un peu l’intérieur. C’est impressionnant. Il y a des centaines d’oiseaux sur le pont qui piaillent et qui se mettent à s’envoler en entendant le moteur et nos bruits. C’est super joli. L’eau est calme et le soleil se reflète sur les vaguelettes. On tourne autour deux fois puis on repart.

Sur le chemin on croisera au loin deux baleines (on ne verra que leurs jets et un peu de leur tête), des lions de mer, des nombreux pingouins et cormorans.

A une heure de Puerto Williams, côté Argentin, il y a une petite île réputée pour la présence de centaines de pingouins. Les argentins font payer les touristes une belle somme d’argent pour y aller (et ne pas débarquer !) ; du coup Philippe enlève le pavillon chilien du voilier pour ne pas leur montrer que nous venons du Chili (les argentins ont l’air de ne pas rigoler avec le business des pingouins). On s’approche très près de la petite île et on voit en effet des centaines de pingouins ! Ils sont vraiment amusants ! Leur façon de marcher est assez drôle. On verra des pingouins empereur notamment. Une fois repartis, on remet le pavillon chilien à l’abris des regards argentins puis on se remet en route vers Puerto Williams qui est à une petite heure de là.

Un des voilier Italien n’est pas correctement positionné (il est en diagonale) ; du coup il ne nous est pas possible de mouiller au Micalvi. Nous irons donc un peu plus loin en plein milieu de l’eau mouiller sur un autre bateau qui sert à accueillir les ‘’sans ponton’’.

On rencontre un autre capitaine qui a eu de nombreux problèmes avec son voilier et a dû annuler toute sa saison. Il est très sympa. Lui et sa femme dinerons avec nous le soir ; cela nous changera un peu d’atmosphère.

Hélène et moi souhaitons partir au Micalvi avec Charles pour prendre une douche et faire internet. Guillaume, le capitaine de l’autre voilier, nous tractera en partie avec son annexe à moteur. Nous mettons Charles sur la plage.

Lorsque nous retournons au bateau il nous faut pagayer. En arrivant Guillaume et sa femme son là et tout le monde prend l’apéro dans le carré. Le capitaine va se coucher. Ce soir c’est gigot…pour moi œufs et soupe ; j’ai encore mal au ventre.

La soirée se passera bien. Une fois les autres partis on restera à discuter entre jeune et avec Philippe, puis on terminera la soirée dans notre cabine avec Hélène et Quentin à regarder Asterix mission Cléopâtre en essayant de ne pas rire trop fort.

Aujourd’hui c’est le retour sur la terre ferme.

Hier Thierry n’a pas pu aller déposer les documents pour la sortie du Chili du coup il tente d’y aller ce matin. Malheureusement le douanier est en déplacement. Nous sommes donc bloqués jusqu’à 15h minimum sur le bateau.

Quand Thierry décide d’y aller j’irai avec lui et Marion puis nous resterons toutes les deux au soleil sur le Micalvi. Je rencontrerai plein de marins et de gens très sympas avec lesquels je discuterai un moment.

Vers 17h30 on s’en va enfin ! Le vent est malheureusement contre nous, Thierry n’est pas du tout enchanté mais nous continuons d’avancer. Ça se calmera de temps en temps. Au bout de quatre bonnes heures nous arriverons enfin à Ushuaia !

Hélène est toute excitée de retrouver son copain, et avec Quentin on fonce avec nos sacs pour aller récupérer les clés de l’appartement. Marion nous fait sa petite tête toute triste ; c’est la fin du séjour et ce n’est pas facile de se dire qu’on va se quitter après tout ce qu’on a vécu pendant un mois. Thierry lui crie d’aller piquer les clés d’Ouca pour nous déposer en voiture et revenir. Super idée car dehors il fait très moche et en plus on est crevés. On fait notre aller-retour tous les trois puis on retrouve tout le monde au restaurant. Il est super chouette, le capitaine et Marion sont de fidèles clients du coup tout le monde rigole bien. On mangera et boira un peu trop. Il y a un couple dans le fond qui nous fait bien rire, on se demande s’ils sont en pleine rupture ou pas (dit comme ça ce n’est pas très drôle…).

Sur le retour Thierry, Philippe et Catherine foncent et avec Hélène et Marion nous prenons notre temps (Marion est un peu pompette). On se quitte au coin de la rue et on se dit à demain, puisque nous avons tous rendez-vous à 10h à l’immigration.

Ce matin Quentin partira avant moi pour retrouver Marion, Catherine, Thierry et Philippe au bateau pour prendre le petit déjeuner. Moi je préfère prendre mon temps ; le rendez-vous est à 10h à l’immigration.

J’arriverai en premier suivie d’Hélène. Cela nous donnera le temps de faire un petit débriefing sur le séjour et ce qu’on compte faire pour l’Antarctique.

Les autres, à notre grand étonnement arriverons une demi-heure plus tard. Nous retrouvons le douanier pour les passeports ; cette fois-ci il ne nous fera pas la bise ; Hélène est déçue car elle n’avait pas voulu lui faire la première fois. On regarde nos passeports, on a tous tout plein de tampons d’entrée et de sortie de Chili et de l’Argentine à cause des soucis de bateau !

Les autres retournent au bateau puis avec Marion et Quentin nous partons faire nos lessives et chercher des boutiques dans l’espoir de pouvoir faire réparer mon appareil photo (mais malheureusement il n’y aura rien…). Après ça on quitte Marion et on lui donne rendez-vous en fin d’après-midi pour un goûter avec nous et Hélène. On flânera pendant quelques heures avec Quentin puis on rentrera faire une grosse sieste.

Vers 18h on retrouvera Hélène puis on attendra Marion au café avec des gâteaux et des boissons. Marion aura plus d’une heure et demi de retard…mais on s’en doutait, elle avait pas mal de choses à faire sur le bateau. On rigole bien. Elle est venue avec une fille qui fait comme elle sur un autre voilier et qui a eu la chance de revenir d’Antarctique…

Une heure plus tard Hélène nous quitte puis on part manger tous les trois dans un bar. On rentrera vers une heure du matin. C’est l’avant dernier au revoir avec Marion, c’est un peu étrange mais on garde le sourire, on a passé une super journée tous ensemble.

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